A. Les objectifs et les missions du sentier sous-marin

A1. Un outil pédagogique avant tout

Outil pédagogique de sensibilisation et d’éducation à l’environnement et au développement durable, le sentier sous-marin a pour vocation de faire découvrir un milieu souvent méconnu, transmettre des valeurs visant à l’amélioration des connaissances et à l’adoption de comportements respectueux de l’environnement.
Il s’inscrit dans des projets pédagogiques, des actions de sensibilisation à l’environnement et d’information sur le milieu marin, de gestion et de valorisation de territoire.

A2. Des objectifs identifiés dans une charte


En 2007, la majorité des organisateurs de sentiers sous-marins de Méditerranée française, se sont regroupés et ont été à l’initiative d’une charte qui les engage à :

  • informer le public sur : la diversité du milieu marin, son fonctionnement et sa complexité, ses spécificités par rapport au milieu terrestre, le positionnement de l’homme dans cet environnement.
  • faire découvrir les composantes locales du milieu marin :
    richesse et diversité, faune, flore, habitat, enjeux du territoire, spécificité du site.
  • sensibiliser le public à un comportement et à des pratiques respectueux du milieu et des autres usagers.
  • Rechercher des conditions optimales en matière de sécurité des pratiquants.

Ce collectif de gestionnaires de sentiers sousmarins regroupe aujourd’hui les sentiers les plus connus,
et reconnus, sur la façade méditerranéenne française. Il a pour vocation de s’élargir à l’ensemble des sentiers sousmarins désireux de rentrer dans une démarche de qualité, en vue de répondre de mieux en mieux aux engagements de la Charte.

A3. les connaissances abordées lors du sentier sous-marin

Les objectifs des SSM doivent apporter des connaissances sur la biodiversité mais aussi des informations sur le site :

    continuité entre la terre et la mer,

  • les caractéristiques et le fonctionnement de la Méditerranée,
  • la notion de vivant et ce qu’elle implique,
  • le rôle de la lumière,
  • le lien entre les espèces rencontrées et les habitats,
  • l’existence d’une saisonnalité y compris en mer,
  • les stratégies de reproduction,
  • l’intervention de l’homme dans le milieu,
  • l’impact des activités humaines en mer,
  • le partage de l’espace et la cohabitation des activités sur le littoral, ….

Ces connaissances sont mobilisées dans les différentes phases du sentier sous-marin.

B. Les conditions générales de pratique et d’organisation

Le maître-mot de l’organisation d’une activité pour un large public est adaptation, aux conditions du milieu et au public.
Les éléments développés ici sont communs à de nombreuses activités physiques de pleine nature, que l’on a adaptés à la pratique du sentier sous-marin. Ces conditions de pratique restent des points d’attention importants quel que soit le public accueilli.

B1. les limites d’âge de pratique

En dehors du contexte scolaire où la pratique est autorisée à partir du CE2, aucune limite d’âge n’est préconisée, à partir du moment ou l’on peut mettre la personne dans de bonnes conditions de pratique. L’activité n’est donc possible que si l’on peut disposer de matériel adapté à la pratique et aux conditions du milieu.

1. Pour le public enfants

Pour la randonnée subaquatique en mer, l’ensemble du matériel existe à partir du 6 ans. Les combinaisons isothermes enfant, homologuées pour un usage plongée en eau tempérée (16 à 24°C), permettent généralement une pratique en surface (sans écrasement du néoprène) de 30 à 40 minutes, dans de bonnes conditions isothermes, pour une eau à partir de 12 à 14°C. Dans ce contexte, il est important de limiter les phases de pratique trop statiques.

2. Pour le public seniors

Les personnes ayant une activité physique régulière peuvent pratiquer au delà de 75 ans. Il est préférable de privilégier l’aisance et la simplicité du matériel à sa technicité. Il est important que la motivation du participant à un sentier sous-marin soit liée à un choix personnel et non à une dynamique de groupe ou familiale.
Toutefois, avec des publics très jeunes ou âgés, il est souhaitable de privilégier une activité encadrée.

B2. la température de l’eau

Quelle que soit la température du milieu, il est important de disposer de vêtements isothermes adaptés au public accueilli. Une infrastructure équipée de douches et de vestiaires est fortement recommandée. Pendant toute l’activité, une veille, auprès du public enfant, est particulièrement importante pour éviter l’hypothermie, qu’il n’exprime pas toujours. Pour le public avec handicap physique, cette veille est aussi extrêmement importante car la sensation de froid n’est pas forcément perçue dans toutes les parties du corps.

B3. Durée de l’activité et choix du parcours

La flottabilité de la combinaison et la portance de l’eau favorisent une faible dynamique musculaire et laissent à penser qu’il y a peu de dépenses énergétiques.
Pourtant, pour un large public et particulièrement en eau froide ou tempérée, des signes de fatigue comme des crampes ou l’hypoglycémie se manifestent sans prévenir à partir de 45’ à 1h d’activité. Avec un public non entraîné, il est donc important d’être vigilant sur la durée de l’activité et le choix du parcours, de façon à être près d’un appui ou de la plage lorsque ces signes risquent de se manifester. Ces préconisations sont d’autant plus vraies qu’un groupe de niveau hétérogène suit volontiers quelqu’un qui se sent plus à l’aise et que les signes avant-coureurs de malaise sont difficilement décelables. D’une manière générale, la sensation de froid et la fatigue nuisent grandement au plaisir et à l’intérêt de la pratique.

B4. l’horaire de la pratique

Il n’y a pas d’horaire de pratique préconisé. On pourrait même imaginer, pour diversifier les observations et l’intérêt pour le milieu, des activités nocturnes ou très tôt le matin. Cependant, il est important de s’assurer que les pratiquants aient eu un apport calorique suffisant dans les 2h30 précédant l’activité pour éviter une situation de grosse fatigue ou d’hypoglycémie. Les dépenses énergétiques restent importantes (équipement, froid, déplacement, stress, …). Ne pas hésiter à questionner les pratiquants avant l’activité pour anticiper une difficulté éventuelle et disposer d’encas énergétiques sur le lieu de pratique. Ces attentions sont d’autant plus importantes avec les enfants et les adolescents.

B5. le rapport qualité/prix

Lorsque l’activité est payante, comme toute prestation,le rapport qualité/prix est un élément important pour le public. L’organisateur du sentier doit respecter une certaine déontologie et faire en sorte que toutes les conditions soient réunies pour découvrir le mileu et inciter à revenir visiter la mer. Cependant, il ne peut maîtriser les conditions liées à une pratique en milieu naturel.

C. Les différents publics et leurs spécificités

Le premier élément de segmentation du public, pour la randonnée subaquatique, est déterminé par le mode de passage à l’acte.
On distinguera 2 cas :

  • le public « groupe » : un commanditaire intervient dans le passage à l’acte du pratiquant,
  • le « grand public » : le passage à l’acte reste uniquement à l’initiative du pratiquant.

C1. Le public groupe

Le commanditaire peut être un enseignant, un directeur de centre de loisirs, un éducateur, un éducateur spécialisé, une équipe pédagogique. Celui-ci souhaite au travers de cette pratique nourrir son projet de classe, d’école, de groupe.
Le commanditaire, responsable du groupe, fait le choix quasi-systématique d’une activité encadrée puisqu’il confie une partie de sa responsabilité à une tierce personne.
Ses attentes spécifiques sont donc précises sur le cadre réglementaire, la sécurité, l’écoute et l’adaptation à ses propres attentes ainsi qu’à celles des pratiquants. Il recherche également des situations d’apprentissage et d’autonomie diversifiées et nouvelles pour son groupe ainsi qu’un bon rapport qualité/prix.
Pour ce type de public, l’activité de sentier sous-marin s’inscrit la plupart du temps dans une démarche de projet avec un « avant » et un « après », sur laquelle le commanditaire est un acteur fortement impliqué.
À noter que les publics encadrés, issus de certaines structures (classes, centres …) travaillant en pédagogie de projet ou en pédagogie Freinet peuvent également être à l’initiative du choix de l’activité et être moteur dans le passage à l’acte.

C2. Le grand public

Ce public n’engage que sa propre responsabilité et a donc beaucoup plus librement le choix d’une pratique encadrée ou autonome.
Pour ce public, le choix du passage à l’acte, même s’il est parfois anticipé, est souvent le fruit d’une décision spontanée. Certains éléments favorisent ce choix, comme le fait d’être en vacances, d’être en groupe, d’être assuré de conditions de pratique et de sécurité optimales (météo favorable, recommandations de l’Office du Tourisme…), d’être sur un site de qualité propice à la pratique.
Il y a souvent une émulation de groupe (sportive) ou de famille (plaisir partagé) avec un meneur (enfant ou adulte) qui connaît peut-être déjà le site ou ce type d’activité et qui veut partager son expérience ou éveiller de nouveaux centres d’intérêt chez ses proches. L’activité peut être encadrée ou s’effectuer en autonomie sur un site organisé.
Chaque fois qu’un adulte confie à un tiers la responsabilité d’un mineur dont il a la charge le professionnalisme de l’encadrant est primordial (éléments de sécurité, de confiance et le rapport qualité/prix).

C3. Les spécificités des pratiquants

Chaque type de pratiquant présente, au regard de l’activité, des caractéristiques qui lui sont propres et qui déterminent un certain nombre d’éléments à prendre en compte pour l’organisation du sentier sous-marin. Ces éléments doivent être connus de l’encadrant ou de l’organisateur. Dans les deux cas, l’objectif est de proposer une activité de qualité.
En ce qui concerne la réglementation, se reporter au chapitre consacré à ce sujet.

1. le public famille

Mots-clés : plaisir partagé / sécurité.
D’un point de vue physiologique, une attention particulière sera portée sur la résistance au froid pour les enfants.
Dans l’approche pédagogique, il faudra rester vigilant à alterner les deux niveaux de discours : un adapté aux adultes, l’autre aux enfants. Par ailleurs, s’il y a un animateur, celui-ci devra se positionner judicieusement en tant qu’encadrant pour limiter certaines interférences parents/enfants pouvant être préjudiciables, tout en laissant suffisamment de place aux parents pour respecter une hiérarchie familiale établie.

2. le public adulte

Mots-clés : enrichissement des connaissances, caractère sportif et convivialité.
Dans l’approche pédagogique, il faudra pouvoir répondre aux attentes parfois différentes et spécifiques de ce public.
Les éléments et méthodes pédagogiques

3. le public adolescent

Mots-clés : expérience valorisante et activité en groupe.
D’un point de vue physiologique, il faudra rester vigilant sur les risques d’hypoglycémie et de crampes.
Dans l’approche pédagogique, une attention particulière est à porter aux conditions d’accueil et notamment au respect de l’intimité (vestiaires, douche, …). Lors de l’activité aquatique, l’organisateur devra envisager toutes les prises de risques possibles des adolescents (interactions avec les autres usagers, recherche de performance individuelle, …), en gardant à l’esprit que leur comportement en groupe réserve parfois des surprises. Il est également conseillé, pour maintenir l’intérêt du groupe, de veiller au rythme donné à l’activité en alternant les situations.

4. le public enfant

Les mots-clés : mise en confiance, émerveillement et découverte ludique.
D’un point de vue physiologique, il faudra rester vigilant sur le froid et les risques d’hypoglycémie.
L’approche pédagogique est basée sur l’anticipation. Il est important de déceler les appréhensions individuelles et les non-nageurs, afin de pouvoir mettre en place un accompagnement individualisé tout en gérant le groupe. La confiance du groupe se gagne en proposant des situations « techniques » simples, claires, progressives qui s’orientent rapidement vers le jeu et l’observation du milieu.

5. le public senior

Mots-clés : mise en confiance, émerveillement accessible et connaissance.
D’un point de vue physiologique, l’organisateur devra veiller aux antécédents cardiaques et au confort des personnes notamment pour l’équipement en privilégiant le confort et l’aisance à la thermicité.
Dans l’approche pédagogique, il est important de mettre en confiance ce public, en lui laissant le temps de s’équiper et d’apprivoiser l’élément. Il faudra également veiller à privilégier l’autonomie du pratiquant et la simplicité du matériel qui sera dans ce cas rassurante.

6. le public « à mobilité réduite »

Les mots-clés : autonomie accompagnée, dépassement de soi,émerveillement.
D’un point de vue physiologique, l’organisateur devra tenir compte des contre-indications médicales et faire attention à la sensation de froid pas forcément perçue quand certaines parties du corps sont immobiles.
Pour l’approche pédagogique, l’encadrant s’attachera dans le déroulement de la séance à limiter au mieux l’aide de « valides » de façon à mettre chacun dans des situations de réussite autonome. Il est également important de transmettre un regard valorisant à ce public.

D. Les offres potentielles

D1. Le sentier sous-marin avec accès libre
Le sentier sous-marin est dit avec accès libre lorsque la pratique est organisée, mais non accompagnée pendant la partie aquatique de la découverte. La mise en œuvre de cette activité fait intervenir un certain nombre d’éléments d’animation pédagogique et de sécurité. Ces éléments lui confèrent l’appellation de sentier sous-marin.
L’organisation de l’activité libre doit répondre à deux préoccupations principales : la sécurisation et l’animation. La sécurité est d’autant plus prépondérante que l’organisateur incite le public à venir pratiquer et qu’aucune équipe d’animation en mer n’est prévue.

1. La sécurisation

Les moyens existants pour sécuriser cette pratique libre sont centrés sur :

  • les risques liés aux autres usages du plan d’eau,
  • les risques liés à une défaillance du pratiquant,
  • l’accès à l’eau (entrée et sortie de l’eau).

La sécurisation vis-à-vis des autres usagers du plan d’eau se fait pour l’essentiel grâce à un balisage. Ce balisage informe les usagers de la délimitation d’une zone ayant une réglementation spécifique et invite à une attention particulière.
Des panneaux d’information disponibles sur le lieu d’accueil ou sur le site de mise à l’eau permettent également d’interpeller le pratiquant sur les thèmes liés à la sécurité comme :

  • le périmètre de pratique à ne pas dépasser, les distances à respecter par rapport aux autres usagers,
  • la durée de l’activité préconisée en lien avec les capacités individuelles,
  • l’intérêt d’une pratique en binôme ou en petit groupe,
  • les risques liés aux immersions en apnée,
  • les premiers signes laissant présager une difficulté.

Les autres moyens utilisés pour sécuriser une activité en accès libre (surveillance,
moyens de communication, d’assistance respiratoire, … et leur cadre de mise en œuvre)
relèvent de l’organisation pratique de l’activité plus que d’éléments pédagogiques.

2. L’animation

Cette animation peut prendre de nombreuses formes et s’effectuer aux abords du site, dans sa partie terrestre ou directement dans l’eau. Une exposition, des panneaux en bord de mer ou dans l’eau ou encore des outils de communication aquatiques spécifiques comme des tubas FM pourront être utilisés.

3. Avantages / inconvénients de la pratique en libre

Avantages Inconvénients
Choix du parcours, de l’heure de départ, de la durée de l’activité Accessible prioritairement au public maîtrisant l’utilisation du masque, des palmes et du tuba
Choix des personnes qui nous accompagnent pendant l’activité Rencontre et découverte du milieu limitées par la capacité d’observation du pratiquant
Liberté du moment de recevoir ou non une information sur le milieu Les conseils d’usage et les pistes d’évolution des comportements sont limités, l’impact sur le milieu est donc plus important
Autonomie – sensation de liberté les premiers signes laissant présager une difficulté.

D2. Le sentier sous-marin encadré

Le sentier sous-marin est dit encadré lorsque les pratiquants sont accompagnés par un animateur, au moins pendant la partie aquatique de la découverte. Si l’animateur n’intervient que pour la partie aquatique de l’activité, l’animation et la sécurisation des autres séquences se feront sensiblement de la même façon que pour un sentier sousmarin en accès libre.
Remarque : sur un même site peuvent cohabiter des sentiers sous-marins libres et encadrés permettant au(x) encadrants(s) accompagnateur(s) de bénéficier pour leur activité de l’ensemble des outils existants sur le site mis en place pour favoriser la pratique libre.

1. la sécurisation

L’activité se déroule en milieu dit « spécifique » c’est pourquoi seul un animateur qualifié peut encadrer la séquence aquatique, depuis l’équipement et les conseils techniques jusqu’à la sortie de l’eau. Le niveau de qualification dépend du contexte de mise en œuvre de l’activité (scolaire, fédéral, autre, …).
Le rôle de l’encadrant accompagnateur dans la sécurisation de l’activité se situe principalement au niveau de l’anticipation et de l’intervention. Pour ce faire, il utilise un matériel spécifique.

L’anticipation

En favorisant le dialogue avec le pratiquant, l’encadrant :

  • trouve les équipements adaptés,
  • écoute et rassure,
  • conseille pour encourager et valoriser.

Il adapte l’activité en prenant en compte l’ensemble des conditions du milieu et des capacités de son groupe.

L’intervention

L’encadrant doit pouvoir assister un pratiquant en situation de stress ou de difficulté avérée et aider au déplacement d’une partie d’un groupe en difficulté dans l’eau.

Le matériel spécifique

Remarque : Une activité encadrée signalée par un moyen de balisage du groupe peut se dérouler sur un site qui ne dispose d’aucun aménagement spécifique pour la pratique, c’est le cas notamment pour les sentiers sous-marins « itinérants ».

  • L’équipement fourni au pratiquant est important dans la sécurisation, en particulier le vêtement isotherme (combinaison ou shorty) qui assure une protection thermique, solaire et améliore la flottabilité du pratiquant. Le lestage est à éviter.
  • L’équipement personnel de l’encadrant (palmes, masque, tuba, combinaison) doit lui permettre d’assurer la sécurité de son groupe dans des conditions optimales.
  • Pour le balisage du groupe et l’assistance, l’encadrant peut disposer de bouées, de planches de support, d’un kayak.
  • Les autres moyens utilisés pour sécuriser une activité encadrée (moyens de communication, d’assistance respiratoire, … et leur cadre de mise en œuvre) relèvent de l’organisation pratique de l’activité plus que d’éléments pédagogiques (cf. Les moyens, p.105).

2. l’animation

L’animation d’une séquence dans le cadre d’une démarche pédagogique d’EEDD s’articule autour d’éléments liés au contenu, à la méthode, ainsi qu’à la gestion de groupe (cf. Les compétences et éléments d’animation, p.78).

3. Avantages et inconvénients de la pratique encadrée

Avantages Inconvénients
Activité s’adressant à un public extrêmement large, y compris aquaphobe Hétérogénéité du groupe qui peut limiter la richesse de l’approche (contenu et zone d’évolution)
Échanges permanents entre le groupe et l’animateur Nombre de place limité par encadrant
Matériel le plus souvent fourni en totalité Obligation de respect de consignes liées au groupe
Seule activité de sentier sous-marin possible pour un public organisé avec commanditaire
Découverte du milieu plus accessible, plus proche (toucher, observer de près, …)

E. La démarche pédagogique du sentier sous-marin

E1. Les conditions générales liées à la pédagogie

La démarche pédagogique du sentier sous-marin doit permettre à une activité libre ou encadrée de respecter les valeurs énoncées dans la Charte des sentiers sous-marins (Cf. Annexe).

1. Le confort dans l’activité

Le confort est un ressenti personnel qui reste essentiel à la démarche pédagogique de l’activité. Il est en lien direct avec la qualité d’écoute, de compréhension, et la disponibilité à la découverte. Comme tout ressenti, il s’ancre à la fois sur des conditions objectives de pratique mais également sur des aspects subjectifs liés au milieu de pratique.

La sensation de confort est liée :

Aux éléments de sécurité visibles :

  • Surveillance de la zone.
  • Encadrement de la pratique.
  • Balisage de zone ou d’activité.
  • Présence de point d’appui.

À la perception des éléments du milieu :

  • Zone abritée.
  • Visibilité jusqu’au fond, couleur ou clarté de l’eau.
  • Faible profondeur.
  • Température de l’eau.
  • Accès facilité.

À des perceptions personnelles :

  • Flottabilité positive et sans effort (lié au port d’un vêtement isotherme).
  • Maintien d’une température confortable (combinaison adaptée).
  • Qualité du matériel mis à disposition (combinaison ou shorty, masque, palmes, tuba, …).

À la qualité de la relation établie avec l’animateur :

  • Toute la réussite de l’activité dépend essentiellement des qualités dont dispose l’animateur pour mener une animation de groupe, quel qu’il soit.

2. La transmission de messages

Lors d’un sentier sous-marin, comme pour beaucoup d’autres activités de pleine nature, un message doit être délivré au moment opportun pour plus de compréhension (synchrone avec l’observation directe). Les échanges et le jeu des questions-réponses sont des éléments importants pour la compréhension.

Il existe différents outils permettant de transmettre des messages.
Le classement suivant est fait selon le degré de décalage dans le temps par rapport à l’observation :

  • 1. panneaux sur la plage,
  • 2. panneaux immergés,
  • 3. tubas FM sur bande sonore,
  • 4. tubas FM sur balise,
  • 5. animateur aquatique

Les supports du type « plaquettes imergeables », peuvent apporter une information dans l’instant lors d’une activité non encadrée. Cependant, un néophyte ne dispose pas d’une telle capacité d’observation. Cet outil serait donc plus adapté aux pratiquants confirmés.

E2. Le déroulement de l’activité

Le déroulement d’un sentier sous-marin s’articule autour de cinq étapes plus ou moins formalisées :

  • 1. l’accueil technique
  • 2. l’accueil thématique
  • 3. l’équipement
  • 4. l’activité aquatique
  • 5. le « déséquipement » et le retour sur activité

La durée et le contenu de ces étapes sont étroitement liés aux choix et aux moyens pédagogiques mis en place.

1. l’accueil technique

L’accueil comprend une partie très fonctionnelle, toujours présente quel que soit le type de sentier sous-marin. Il se fait généralement avec un stand d’accueil, sur le site, qui permet de rentrer en contact direct avec le pratiquant et d’informer sur l’ensemble des éléments liés aux conditions de pratique :

  • informations sur l’accès au site (fléchage, plan, …),
  • présentation générale de la structure organisatrice et/ou du gestionnaire du site,
  • présentation générale de l’activité,
  • consignes de sécurité (usage du matériel, zone d’activité, condition météo, point d’attention / capacités individuelles),
  • conditions de pratique (libre, encadrée, matériel en prêt ou en location, tarifs, horaires, effectifs des groupes, réservation…),
  • comportement à adopter dans l’eau (contact avec le fond, ramassage ou déplacement d’être vivants, autres usagers, …).

Cette étape peut être réalisée par l’intermédiaire de panneaux ou plaquettes d’information, via les
Offices de Tourisme ou du personnel d’accueil présent sur place.

2. l’accueil thématique

L’accueil comprend également des informations thématiques en lien avec le site.

Cette phase d’accueil est à privilégier car elle permet de préparer le public à l’activité aquatique. Néanmoins, elle ne doit pas être trop longue, car le public curieux de pratiquer l’activité risque de s’impatienter. Il pourrait ne pas être réceptif aux messages qui lui seraient transmis. Cette partie thématique peut aussi être développée lors de l’activité aquatique et reprise ensuite, selon les questionnements et les demandes du public.

Moyens utilisé pour la phase d’accueil Avantages Inconvénients
LA SALLE D’EXPOSITION Valorise le site Difficulté de trouver l’espace adapté
Présente les grands thèmes que l’on souhaite développer lors de l’activité Investissement important en terme de coût de réalisation, entretien et animation de l’espace
Peut informer sur les aspects liés à la sécurité
LES PANNEAUX DISPOSES AU BORD DE LA MER Sensiblement les mêmes avantages que la salle d’exposition Démarche administratives parfois longues pour obtenir une Autorisation d’Occupation Temporaire du DPM
Coût de réalisation et d’entretien raisonnable
Canalise l’affluence en identifiant une zone de départ de l’activité La surface des panneaux limite les contenus pouvant être abordés
Encombrement réduit
UN ESPACE D’ANIMATION EQUIPE Espace formel d’animation qui canalise les questions et les attentes du groupe Difficulté de trouver les locaux sur place ou un espace au calme
Permet à l’encadrant d’identifier son public
Limite les interférences extérieures ce qui favorise l’échange et l’écoute

3. L’équipement

L’organisation liée au temps d’équipement du pratiquant reste une étape importante pour la réussite de l’activité à plusieurs niveaux :

  • distribuer un équipement adapté au pratiquant est essentiel pour la sensation de confort,
  • un espace dédié à l’équipement est nécessaire pour accueillir certains publics ou s’adapter aux conditions météo,
  • ce moment d’observation permet à l’encadrant de déceler des craintes parfois non exprimées,
  • transmettre des informations sur les autres usagers du site, la sécurité, les conditions de pratique et l’utilisation du matériel.
Moyens utilisé pour la phase d’équipement Avantages Inconvénients
LES LOCAUX D’ACCUEIL(vestiaire, douche, sanitaire) Répond à une attente importante du pratiquant Installations difficiles à trouver
Conditionne de façon significative le passage à l’acte
Gage pour le pratiquant de la qualité de l’activité Peut limiter le flux de personnes accueillies
Favorise l’accueil d’un public diversifié
L’EQUIPEMENT FOURNI (masque, palmes, tuba, combinaison) Permet la pratique, chacun n’en disposant pas forcément à titre personnel Coût d’investissement, d’entretien et de renouvellement
Répond à une attente du pratiquant Nécessite une gestion spécifique (distribution, rinçage, stockage, …)
Gage pour le pratiquant de la qualité de l’activité Peut limiter le flux de personnes accueillies
La combinaison favorise l’accueil du public au delà de la période estivale

4. L’activité aquatique

Cette phase permet d’illustrer concrètement les thèmes abordés lors de l’accueil thématique (répartition de la vie en fonction de la lumière, comportement des êtres vivants, …).
Les informations transmises au public peuvent être développées, nuancées, adaptées au gré des sites, de leurs caractéristiques ainsi que des animateurs. Différents outils peuvent être mis en œuvre lors des activités aquatiques. Ils se classent en deux catégories : les outils liés à la transmission des messages et les outils destinés à assurer la sécurité.

Outils pédagogiques utilisés Avantages Inconvénients
LES PANNEAUX EMERGES(Parc Marin de la Côte Bleue) Information permanente Information décalée avec l’observation dans l’eau
Messages identiques pour tous, validés et en lien avec la Charte des sentiers sous-marins Difficulté de mémoriser et de comprendre toutes les informations données
Fait seulement appel à la mémoire visuelle
LES PANNEAUX IMMERGES (CG66) Information permanente Contenus succincts
Information plus directement liée avec le milieu où le panneau est positionné Pas toujours facile à lire sous l’eau
Pas ou peu de décalage entre le message et l’observation de sécurité Fréquentation concentrée autour des panneaux (risque de dégradation)
Appui possible sur les bouées Entretien nettoyage de l’armoire forte blindée
LES TUBAS FM AVEC EMETTEUR SUR LA PLAGE(CG66) Information souvent plus détaillées que sur des panneaux immergés Moins de liberté car il faut respecter l’heure de diffusion
Concentration du groupe sur un même lieu pour écouter les messages
L’écoute est plus facile que la lecture car elle ne nécessite pas de maitrise particulière du coffre agréé Décalage possible entre le message et l’observation
Possibilité de problème de réception et de sécurité si l’émetteur est éloigné
LES BOUEES EMETRICES AVEC TUBA FM Mêmes avantages que pour les tubas FM avec émetteur sur la plage Décalage possible entre le message et l’observation
La possibilité d’effectuer le parcours à son rythme
Etalement de la fréquentation dans l’espace et dans le temps
Possibilité d’accueil de pratiquants en nombre important sur le site
PLAQUETTE OU LIVRETS INDIVIDUELS DE PRESENTATION DU SENTIER (PN Port-Cros) Informations sur le milieu et les principales espèces protégées Informations souvent limitées aux caractéristiques des espèces, ainsi qu’au nom et sexe des animaux rencontrés
Aide à la découverte (quand le pratiquant sait observer) Représentation des espèces pas toujours fidèles à la réalité, notamment hors des périodes de reproduction
PLAQUETTES IMMERGEABLES de présentation du site, du parcours, des distances Favorise la décourverte de l’ensemble des milieux présents sur le site Attention du pratiquant concentrée sur le support
Facilite l’orientation et complète un balisage visuel sur le site Orientation difficile s’il n’y a pas de repères visuels sur l’eau
Complément intéressant pour gagner en autonomie et en intérêt après une séance encadrée Attention du pratiquant concentrée sur le support
PLAQUETTES INDIVIDUELLES D’ANNOTATION Permettent de noter des questions, faire des dessins Pas adapté pour les débutants car cet outil nécessite une aisance aquatique
Diversifient l’intérêt de la pratique pour un pratiquant assidu (se rapprochent des notes d’un naturaliste)
Outils destinés à assurer la sécurité Avantages Inconvénients
BOUEES DE BALISAGE DU SITE(Y. Strebler – CG06) Sécurité par rapport aux autres usagers Installation et autorisations
Mettent en confiance les pratiquants
Servent d’appui (si poignées)
BOUEES DE BALISAGEdu pratiquant ou du groupe de pratiquant (A.Ruopolo) Permet de visualiser l’activité pour les autres usagers Points d’appui très limités
Permet éventuellement de suspendre une plaquette, une gourde, …
Evite la dispersion du groupe Pas adapté pour les grands groupes
Facile à transporter, stocker et mettre en oeuvre
PLANCHE DE BALISAGE TYPE PLANCHE DE CHASSE(CPIE Côte Provençale) Mêmes avantages que la bouée de balisage Investissement
Possibilité d’aménagement de poignées pour faciliter l’appui et la stabilisation de l’ensemble d’un groupe de 8 enfants Ne permet pas de transporter un matériel de sécurité lourd
KAYAK GONFLABLE DE BALISAGE(CPIE Côte Provençale) Peut facilement être aménagé de poignées pour l’appui et la stabilisation de l’ensemble d’un groupe Investissement important
Permet l’animation de l’activité avec un groupe très hétérogène (possibilité de sortir de l’eau 1 à 3 enfants fatigués ponctuellement), tout en gardant la dynamique de groupe Difficulté de transport, stockage, temps de mise en oeuvre (gonflage/ dégonflage pour le transport)
Permet une intervention type 1er secours

5. Le « déséquipement » et le retour sur activité

Un temps de « déséquipement » est à organiser afin de finaliser l’activité.
L’étape de restitution du matériel est incontournable. Cependant, le temps qu’elle mobilise peut être valorisé de plusieurs façons :

L’évaluation de la démarche pédagogique et de l’activité

  • Des questions ou un questionnaire d’évaluation sur les différentes étapes et outils proposés, …
  • un livre d’or de l’activité.

La valorisation de l’activité, les contenus et les messages passés

  • Montrer des gestes simples limitant la consommation d’eau, l’utilisation de produits biodégradables, …
  • remettre un livret d’activité reprenant l’essentiel des contenus et des éco-gestes du randonneur,
  • proposer un diplôme ou une charte d’engagement sur des gestes simples pratiqués en sentier sous-marin…

L’évaluation permanente des pratiques et leur impact sur le milieu fait partie intégrante de toute démarche pédagogique, particulièrement en EEDD.

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F. Les compétences et les éléments d’animation

Nous présentons dans cette aprtie les principales compétences et connaissances qu’il faut maîtriser afin d’animer dans les meilleurs conditions les différentes séquences d’un sentier sous-marin encadré.

F1. La pédagogie technique

L’encadrant accompagnateur se doit de maîtriser les connaissances et les techniques en lien avec la sécurité décrites précédemment. Il doit notamment :

  • savoir gérer l’organisation matérielle de la sortie,
  • mettre en place une pédagogie technique d’apprentissage adaptée à son public,
  • savoir conseiller sur l’utilisation du petit matériel de sécurité,
  • savoir adapter le parcours en fonction de l’âge et du niveau des pratiquants et des conditions du milieu (courant, visibilité, température de l’eau, profondeur, proximité d’accostage, …),
  • rechercher des conditions optimales en matière de sécurité des coffres des pratiquants,
  • savoir porter assistance et secourir en cas de besoin.

Ces compétences font partie des contenus de la formation qualifiante de BEES 1er degré en plongée subaquatique existante à ce jour, ainsi que des formations de Moniteur Entraîneur Fédéral 1er degré (MEF1) d’apnée et de Moniteur Fédéral 1er degré (MF1) de plongée de la FFESSM (voir manuel du moniteur FFESSM).

F2. Le contenu environnemental

Les thèmes abordés pendant l’activité sont très variés. Ils concernent pour l’essentiel le milieu marin (biologie marine, océanologie, environnement marin, éthologie et comportement des poissons, …). Ils peuvent s’étendre au paysage terrestre, à la géologie, au coffre-fort, à la botanique, au climat et à la sociologie des usages en mer. Au regard de la diversité des sujets, tous ne sont pas traités et approfondis lors d’une seule activité. Il est essentiel que les contenus ne soient pas une succession de données techniques et
/ ou scientifiques difficiles à comprendre. L’information doit rester simple et permettre de donner un sens ou de créer du lien entre différents éléments.

1. Rester avant tout généraliste

Le niveau de maîtrise nécessaire pour parler de ces nombreux sujets n’est souvent pas très élevé. Une « observation curieuse » du contexte local, des activités, des potentialités et des enjeux sert souvent à aborder de façon transversale et pertinente la plupart de ces sujets. L’encadrant porte un regard global sur une situation ou un sujet et prend soin de replacer l’homme au sein des problématiques.

2. le positionnement de l’encadrant

Lors de l’activité, l’encadrant est un référent technique, pédagogique, qui accompagne la découverte, suscite l’intérêt, interpelle, conseille, …. Au vu de l’ensemble des sujets qui peuvent faire l’objet de questions de la part des pratiquants, son positionnement n’est pas forcément celui d’un spécialiste. Il doit savoir dire qu’il ne sait pas. Il invite alors les autres pratiquants du groupe à exprimer leurs avis ou connaissances et propose de rechercher la réponse à la question à la fin de l’activité dans la documentation disponible sur le lieu d’accueil.

3. Parfaire ses connaissances

Chacun connaît ses compétences, ses lacunes, et les principaux sujets abordés lors de la pratique des exercices de sécurité. L’animateur reste donc le mieux placé pour améliorer ses connaissances par la lecture de revues spécialisées, la participation à certaines formations,…

F3. L’animation et la gestion de groupe

L’expérience apparaît essentielle afin de maîtriser les éléments d’animation et de gestion de groupe.
À ce jour, cet aspect de la pratique est peu ou pas développé dans les formations en lien avec la plongée. Ces compétences sont plus ou moins développées dans des formations diplômantes en lien avec l’environnement (BTS Gestion et Protection de la Nature option animation, …) ou l’animation socioculturelle (Brevet d’Aptitude Professionnelle d’Assistant Animateur Technicien, …) ou les formations qualifiantes (« guide naturaliste », éco-interprète, …). Des sessions de formation sur ce type d’approche existent également dans les réseaux de structures d’EEDD.
Les principaux éléments à prendre en compte pour animer et gérer un groupe en sentier sous-marin sont présentés ci-après.

1. L’alternance

Chaque personne a une compréhension et une mémorisation généralement visuelle ou auditive. Chacun dispose également d’une capacité d’attention limitée qui sera d’autant plus courte que cette attention ne sollicite qu’un seul sens.
Ces éléments sont à prendre en compte pour garder l’attention d’un public lors des différentes séquences d’une activité. Il paraît alors essentiel de pouvoir alterner :

  • les thèmes abordés,
  • les lieux d’activité,
  • les sens sollicités,
  • les situations actives (éveil sensoriel, curiosité, coffres, recherche, …) et plus passives (écoute, …),
  • les supports pédagogiques pour faire appel tantôt au visuel, tantôt à l’auditif,
  • les situations d’observation,
  • les situations faisant appel au cognitif ou à l’affectif,
  • la position de l’encadrant parfois observateur au sein du groupe, parfois référent,
  • les rythmes au cours des différentes étapes, parfois calmes, parfois plus sportifs.

Cette recherche d’alternance permet de maintenir la curiosité et l’attention tout en créant un rythme à la séance et une dynamique de groupe à ranger dans une armoire forte ignifugée. Chacun se retrouve alors tour à tour dans des situations individuelles plus favorables en fonction de ses sens « prioritaires » de compréhension.

2. Écouter et responsabiliser

Chaque pratiquant dispose de compétences et de connaissances sur l’activité. L’encadrant n’est pas un référent unique pour l’ensemble des contenus et des pratiques, il peut partager ce rôle avec d’autres personnes au sein du groupe (enseignant, étudiant, maître nageur, éducateur, ou toute autre personne) en fonction des séquences d’activité. Ainsi l’animation d’une séance thématique se résume souvent à susciter des réponses à des questions simples et à les organiser pour leur donner une cohérence globale qui devient alors évidente pour chacun et qui alimente le thème abordé sur le coffret à clés blindé.
Cette approche très participative est valorisante pour le groupe puisque la séance s’appuie essentiellement sur leur savoir. L’animateur semble juste apporter les compléments nécessaires à la compréhension et une analyse globale du sujet.
C’est également une façon de s’assurer que le contenu est adapté au groupe.

3. Faciliter, rendre accessible

L’animation et la gestion de groupe doivent intégrer une notion de facilité, d’accessibilité pour le public. Cet aspect de l’intervention se retrouve dans toutes les étapes de l’activité au travers :

  • du vocabulaire employé (pas ou peu de mots scientifiques ou latins, …),
  • des contenus traités (écouter le public pour déterminer le niveau de discours),
  • des situations d’apprentissage proposées (progressivité pédagogique et technique),
  • des situations d’observation proposées (directement liées au niveau d’aisance aquatique),
  • du choix de la zone de pratique, …

L’encadrant accompagnateur rend le milieu accessible à ceux qui ne s’immergent pas,
rassure, simplifie, vulgarise, en prenant soin de ne pas dénaturer la pertinence du
message à transmettre.

F4. Etre un porte parole

Un des objectifs prioritaires de l’activité sentier sous-marin est de contribuer à faire évoluer les comportements des publics pour qu’ils deviennent plus respectueux du milieu. À ce titre, l’encadrant doit pouvoir :

Faire le lien entre théorie et pratique

En s’appuyant sur ses connaissances environnementales et sans être moraliste, l’encadrant doit pouvoir argumenter et donner les conseils nécessaires à l’adoption de comportement respectueux, avant, pendant et après la pratique afin de :

  • limiter les contacts avec le fond,
  • justifier le choix de la zone de mise à l’eau,
  • s’assurer d’une gestuelle adaptée des participants pour limiter la perturbation sur le milieu,
  • limiter le gaspillage de l’eau douce lors du rinçage ou de la douche,
  • engager le public à poursuivre la réflexion au-delà de l’activité.

Montrer l’exemple

Le principe d’exemplarité de l’encadrant est essentiel. Son rôle de référent dans l’activité l’oblige à agir de façon responsable dans toutes les phases de la pratique et à observer scrupuleusement l’ensemble des consignes et des conseils qu’il donne lorsqu’il s’agit de limiter la perturbation du milieu.
Ce principe peut se heurter à un dilemme lorsqu’il s’agit de remonter en surface un être vivant. Loin d’être anecdotique, cette question nous semble cruciale et la réponse ne peut pas se limiter à un oui ou un non. Qu’est ce que cet acte apporte de plus à la pratique ? Quelles sont ses limites ? Dans quelles conditions peut-il être envisagé ?

Les intérêts que peuvent apporter ce geste

  • Ce contact permet de rendre plus concrete la notion de fragilité étroitement liée au sens du toucher.
  • Il donne une autre dimension à la notion de vivant associée souvent à la mobilité.

L’observation rapprochée rend le mouvement observable (pieds ambulacraires des échinodermes par exemple).

  • Il accompagne et complète la découverte visuelle limitée par la distance (détails, couleurs, …).
  • En autorisant et en accompagnant une découverte rapprochée de certaines espèces en surface, avec ou sans contact, le pratiquant accepte plus facilement le fait de ne pas tout toucher.

De fait, cette pratique permet de répondre à des engagements qui définissent le sentier sous-marin : faire découvrir, privilégier l’éveil, la curiosité, l’émotion, rendre acteur le pratiquant, mettre l’accent sur la fragilité tout en limitant la perturbation sur le milieu, …

Inconvénients que peuvent apporter ce geste

  • Ce contact peut engendrer un dérangement voir une dégradation non négligeable des êtres vivants peu mobiles et faciles à attraper, en particulier si la fréquentation de la zone est importante.
  • Ce geste pourrait contribuer à une lente dégradation des zones de sentiers sous-marins, choisies pour leur intérêt paysager et leur richesse.
  • Il pourrait laisser penser que chacun peut toucher ou prendre en toute liberté, sans conséquences sur le milieu et créer de mauvaises habitudes.
  • Il pourrait favoriser les intrusions dans le milieu et les dégradations par contact avec le fond, par des pratiquants maîtrisant mal leur évolution aquatique.
  • Enfin, plus globalement, cette pratique pourrait véhiculer des informations contraires au sens des engagements de la Charte.

Pourquoi remonter un être vivant en surface

Ce geste doit être encadré d’un certain nombre de conditions, pour limiter la perturbation sur le milieu, rechercher en permanence le minimum de dérangement des espèces et positionner l’homme à sa juste place dans cet environnement.
Pour ce faire, il paraît indispensable :

  • qu’il s’agisse d’un être vivant mobile (non fixé sur le fond !),
  • de ne pas porter atteinte à son intégrité physique lors de la manipulation (prise sur le fond, observation, remise au fond) ;
  • que l’acte se situe dans un cheminement pédagogique logique et expliqué (dans quelles conditions, comment et pourquoi on le fait mais également pourquoi on ne le fait pas),
  • que cette pratique ne soit pas systématique,
  • que l’être vivant soit replacé dans son milieu de vie après l’observation,
  • qu’il soit manipulé sans controverse possible avec la plus grande précaution,
  • de ne pas sortir l’être vivant de l’eau s’il n’y est pas adapté,
    de ne pas déranger une situation de reproduction.

La même question peut se poser dans des zones très peu profondes où la rencontre et le contact avec les êtres vivants est possible par tous depuis la surface. Dans ce cas, l’observation rapprochée est possible sans contact direct, mais quel serait le dérangement occasionné par le contact avec un animal sans le déplacer ? Dans ce cas, il paraît important d’être particulièrement attentif au contact avec le fond, de limiter l’accès de la zone aux personnes maîtrisant le déplacement horizontal avec tuba, et d’entourer la séquence de toutes les préoccupations et consignes exprimées précédemment lors de la phase d’approche du site (puisqu’il sera difficile d’échanger sur place sans contact avec le fond).
Enfin, pour la cohérence du message et des comportements, il semble préférable de ne rien prélever (coquillages morts, tests d’oursin, squelettes d’éponges, …).

Une liberté de choix

Il paraît important de préciser, que l’acte de remonter ou non un être vivant en surface, relève exclusivement d’un acte pédagogique, donc encadré, et qu’il doit être adapté :

  • au site (réglementation spécifique sur le site, visibilité, zone de profondeur de l’activité facilitant ou pas une bonne observation de qualité depuis la surface),
  • au message prioritaire de la structure organisatrice de l’activité,
  • au positionnement pédagogique de l’animateur dans sa pratique.

Il n’y a donc pas de réponse unique à cette question. Le choix appartient à chacun et ne peut être critiqué, mais cette pratique doit pouvoir être argumentée afin de justifier un engagement d’exemplarité.